Le Moulin des Ribes

Publication

juillet 2021 – Grasse

Le Moulin des Ribes et la vie qui s’y déroule sont les protagonistes de ce livre présentant les photographies prises par l’artiste Julien Carreyn en mars 2020. Invité à résider au Moulin par Silivia Fiorucci et la Sociétà delle Api, l’artiste passe ses journées à observer et photographier ce milieu naturel et humain qui s’offre à lui (les œuvres qui y sont exposées comme les prés environnants, les habitants ou les invités…), et cela en utilisant des appareils photographiques instantanés tels le Polaroid SX-70. 

Cependant survient la crise sanitaire, et le premier confinement interrompt brusquement la résidence de l’artiste ; le séjour de Julien Carreyn n’aura duré qu’une semaine. L’artiste vit le confinement en bord de Loire, avec sa famille et des amis. Toujours hanté par les images recueillies au Moulin, particulièrement celles des petits tableaux d’Amadeo Luciano Lorenzato, l’artiste emprunte à son fils une boîte de pastilles de gouache et réalise une série de petits formats, sur carton. Ces fragments mélangés aux photos argentiques prises au Moulin composent une œuvre évoquant alors, comme les cartes d’un jeu Memory qui auraient été abandonnées lors d’une partie interrompue, le travail de la mémoire, la durée éphémère des souvenirs, la pérennité d’un choc émotionnel. Ce recueil présente ces images de réminiscence, rassemblées et retravaillées par l’artiste et par la graphic designer Myriam Barchechat, avec toujours la volonté de témoigner à jamais de l’enchantement d’un séjour, d’un paysage, d’un environnement humain et artistique.

Le projet est né d’un dialogue, initié en 2019, entre l’artiste et le commissaire de l’exposition, Cristiano Raimondi. L’idée de départ était une commande visant à mettre en scène et à photographier une partie de la collection de Silvia Fiorucci, conservée entre Grasse, le Moulin de Ribes et l’appartement de la collectionneuse à Monaco. Julien Carreyn, déjà présent dans la collection Fiorucci, a réussi à développer une narration qui dépasse la dimension privée de la collection et l’inscrit dans une histoire intemporelle et singulière, grâce à une double approche, photographique et picturale. Les habitants du Moulin des Ribes eux-mêmes deviennent ainsi sujets et acteurs de l’installation, présences et apparitions qui bouleversent l’ordre du temps, des choses et de la collection.

Cette publication est liée à l’exposition Grasse 2020, le deuxième projet de la Società delle Api au Quai, l’espace d’exposition de Monaco.

Julien Carreyn (France, 1973) vit actuellement à Paris. Son travail s’est développé dans l’univers du livre d’artiste, préfigurant une succession d’expositions dont les scénographies empruntent aux codes de l’édition. On y trouve des photographies instantanées aux thèmes classiques comme le nu ou le paysage, et de très petites peintures texturées, à peine figuratives. Ses explorations dans le monde « transversal » des images l’ont amené à croiser l’œuvre d’artistes historiques tels que le photographe tchécoslovaque Miroslav Tichy (1926-2011), le peintre belge Raoul de Keyser (1930-2012), ou plus récemment le peintre brésilien Amadeo Luciano Lorenzato (1900-1995). S’intéressant aussi au cinéma, à la littérature et au monde du design, Julien Carreyn construit des projets dont les productions sont proches de celle des films d’auteur. Dans une démarche semblable à celle d’un chef d’orchestre, grâce à sa caméra, il parvient à mêler les différents thèmes et motifs de l’art dans des œuvres imprégnées de choralité et de grande sophistication intellectuelle.